Qu’est-ce qu’un État laïc?
Un État laïc, c’est le contraire de l’État des Émirats Arabes Unis ou de la Corée du Nord. Un État laïc, c’est un État qui n’adhère à aucune religion. Les Émirats arabes adhèrent à l’Islam ; la Corée du Nord adhère à l’athéisme. Dans ces deux pays, si vous appartenez à une autre religion, vous ne pouvez pas occuper un emploi dans la fonction publique, et vous n’êtes pas libre de croire en autre chose que la religion de l’État. Au Québec, la religion catholique a été la religion de l’État jusqu’en 1759. Ensuite, nous avons toléré la religion protestante. Un député juif a déjà été empêché de siéger à l’Assemblée législative du Québec. Nous ne voulons pas d’un État comme ceux-là. Nous voulons un État laïc, c’est-à-dire qui est indépendant des religions. Cela ne veut pas dire qu’il les interdise comme en Corée du Nord. Cela veut simplement dire que notre pays est un endroit où tous les citoyens sont libres de choisir la religion qu’ils veulent.
L’État doit rester neutre pour permettre à tous ses citoyens d’exercer librement sa conscience. Un espace « public » qui ne serait pas accessible par des citoyens parce qu’ils exercent cette liberté de croire à ce qu’ils veulent, c’est le contraire d’un État neutre qui garantit à tous les mêmes droits. La liberté religieuse fait partie de la liberté de conscience, qui est garantie par la Charte Québécoise des droits et libertés.
La Charte
- Tout être humain possède des droits et libertés intrinsèques, destinés à assurer sa protection et son épanouissement
- Précisons: ce n’est pas à l’État de décider ce qui est bon pour l’épanouissement d’une personne, et ce qui va à son encontre. Par exemple, moi, je n’aimerais pas être forcé de faire une heure de course par semaine parce que c’est bon pour mon épanouissement…
- Tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont droit à une égale protection de la loi
- Le rôle de l’État, c’est de PROTÉGER les droits de tous ses citoyens, particulièrement les droits des minorités.
- Le respect de la dignité de l’être humain, l’égalité entre les femmes et les hommes et la reconnaissance des droits et libertés dont ils sont titulaires constituent le fondement de la justice, de la liberté et de la paix.
- Cela signifie qu’ici au Québec, on croit que les femmes sont libres de prendre leurs décisions. Cela veut aussi dire qu’on ne peut prendre la décision pour les femmes d’enlever leur voile en prétextant qu’elles ne sont pas libres de choisir de le porter… Il faut être conséquents si on veut demander aux autres de l’être!
- Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.
Qui est « le fonctionnaire » ?
Le fonctionnaire est d’abord un citoyen qui occupe un emploi et qui donne un service à un autre citoyen au nom d’un État qui existe par et pour eux. Cela suppose, bien sûr, qu’au Québec, nous voyons toujours une personne devant nous et non pas seulement qu’un employé quelconque. Notre monde est bien impersonnel de nos jours et je ne connais personne qui s’en réjouisse. C’est donc toujours une personne qui offre une prestation de service au nom de l’État, et cela ne devrait jamais être l’État qui donne des services à travers des personnes. On rétorquera que les personnes étant différentes, des fluctuations de qualité des services pourraient survenir. Et bien c’est déjà le cas! Ne nous est-il pas déjà tous arrivé de tomber sur un fonctionnaire bourru qui semblait avoir mieux à faire que de nous servir? Il faudra rappeler aux fonctionnaires qu’en offrant des services au nom de l’État, ils doivent faire tout ce que l’État s’engage à faire pour ses citoyens, et rien que l’État ne ferait pas pour ses citoyens. Porter une kippa juive ou un voile islamique n’y changera rien.
Un signe : définition
En didactique, un signe est un « objet perceptible qui renvoie à une chose qu’il évoque »[1]. Le noir est un signe de deuil. Le crochet est le signe de Nike. La croix est le signe des chrétiens. Le voile est le signe de l’islam. Même si on interdisait les vêtements noirs, les gens continueraient de porter leur deuil. Si on interdisait les crochets, la compagnie Nike ne disparaîtra pas pour autant. Le jour où on interdira le voile islamique, l’islam ne disparaîtra pas. Au contraire: le sentiment d’injustice des minorités musulmanes n’en serait qu’exacerbé. Le voile islamique dérange, à bon droit. Mais l’interdiction de signes religieux n’est pas la solution. Il faut attaquer avec courage la base du problème : l’islam. La diversité religieuse existe au Québec depuis 1759 et nous l’avons vécue plus ou moins sans problème jusqu’aux années 1990, au moment où le gouvernement péquiste a choisi de cibler le Maghreb comme une région présentant un bon potentiel d’immigrants économiques. Le gouvernement de cette époque n’a pas tenu compte du fait que la majorité de ces ressortissants étaient musulmans. À cette époque, la religion n’était pas un critère de sélection.
Dans un prochain article, nous tenterons de nous pencher sur les bonnes raisons qui poussent les Québécois à rejeter cette religion en particulier, l’islam.