Dans la série « Mensonges de notre époque« , cet énoncé se classe assurément dans le top 5. En effet, la rumeur veut qu’il faille d’abord s’aimer soi-même pour être capable de bien aimer les autres. Vraiment ? Creusons ensemble la question.
S’aimer soi-même conduit à l’orgueil et l’égocentrisme
Nous connaissons tous des gens qui s’aiment beaucoup et qui sont incapables d’aimer les autres de manière désintéressée. S’il nous fallait d’abord aimer les autres afin d’être capables d’aimer de manière authentique, ces gens devraient pourtant être les champions de la charité, non ? Or, c’est tout le contraire. Plus ces gens-là s’aiment, plus ils sont prêts à trahir les autres pour protéger l’objet de leur amour : eux-mêmes. Si cette manière d’aimer est tout à fait naturelle pour les humains, elle ne correspond en rien à l’amour dont Jésus a témoigné de la part de Dieu.
Dieu aime le premier
Tout ce que je voudrais écrire ici ne sera jamais à la hauteur de ce que nous enseigne saint Jean, lui qui a vécu avec Christ. Voyons ce qu’il nous dit dans sa première épitre, au chapitre 4 :
(…)car Dieu est Amour. En ceci est manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu nous a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. Bien aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres.
Aimer les autres augmente notre amour propre
Dieu, par Jésus et ses témoins, nous enseigne comment aimer. Il nous dit d’aimer les autres et de leur pardonner jusqu’à 70 fois 7 fois. Quelqu’un qui choisit d’abord de s’aimer soi-même ne peut tout simplement pas faire ça.
Par contre, Jésus nous indique la manière de réussir :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22, 37-39)
Jésus ne dit pas « aime toi comme ton prochain ». Il dit de t’aimer toi-même à la même hauteur que tu aimeras les autres. Donc, si tu veux t’aimer plus, aime plus les autres. Tout l’enseignement de Jésus va dans ce sens. Aime Dieu, et tu aimeras les autres. Aime les autres, et tu comprendras à quel point Dieu t’aime. Et si Dieu, le Créateur de tout ce qui existe jusqu’aux confins de l’univers, t’aime toi d’un amour infini qui va jusqu’à la mort, alors tu comprendras la valeur infinie de ta personne.
Médecin, guéris-toi toi-même
Quand on se noie, il ne suffit pas de se dire : « Apprends à nager » pour rentrer en sûreté. Il n’est tout simplement pas possible de nous sauver nous-même. On a besoin des autres, et surtout, on a besoin de Dieu. Et Dieu a besoin de nous pour aimer les autres.
« Quant à nous, aimons, puisque lui nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : »J’aime Dieu » et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » (1 Jn 4, 19-21)
Accueillir nos imperfections
L’être humain est un être perfectible. Cela signifie que nous ne sommes pas parfaits, mais que nous souhaiterions l’être. Nous sommes dans l’ère de l’égoportrait, où l’image est tout. Nous voulons nous montrer sous notre meilleur jour, et c’est à ce moment que nous constatons que nous ne sommes pas parfaits et que nous failles crèvent l’écran. L’image du superman ou de la superwoman ne tient pas longtemps et il ne suffit que d’une dénonciation pour que le château de cartes ne s’écroule. Serait-il possible de photoshopper nos vies comme nous le faisons avec nos photos?
C’est ce que les gens sincères veulent dire quand ils répètent que, pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même. Mais quand on est chrétien, il ne s’agit pas d’abord de nous aimer soi-même, mais Dieu et le prochain, comme nous-même. En effet, le fait d’accepter que nous ne soyons pas nous-mêmes parfaits aide à accueillir le fait que les autres ne le soient pas non plus. Mais en ce qui concerne l’amour propre, rien, jamais, n’égalera l’amour de Dieu notre Père pour chacun de nous pour combler le vide immense qui peut habiter nos coeurs brisés et souffrants. Offrons-lui, justement, nos coeurs brisés et broyés.