Dans un monastère, la vie entière de la communauté est réglée sur l’horloge de la prière. La prière occupe la première place et les autres nécessités de la vie sont organisées autour de celle-ci. On se lève: on prie. On mange: on prie. Le soleil se couche: on prie. On célèbre l’eucharistie. On mange en silence, en écoutant la Parole de Dieu. La prière est la chose la plus importante dans un monastère et ça se voit, ça s’entend et ça se sent! Voilà pourquoi une personne qui y met les pieds pour la première fois se sent si paisible: l’air respire la prière. Ce n’est qu’après avoir bien prié que quelqu’un peut se mettre au travail avec l’ambition d’être productif. Ce n’est qu’après avoir demandé au Seigneur de nous éclairer sur sa volonté à notre égard que nous pouvons entreprendre des relations humaines qui porteront des fruits. Vivre sans prier ne serait que vanité.
Et le silence! Je suis convaincu que je serais capable de vivre dans le silence. Il me faudrait un petit temps d’adaptation, bien sûr, et du temps de récréation! Mais je finirais par vivre assez bien dans ce contexte. Je crois que j’écrirais beaucoup. Puis, beaucoup moins au fil du temps. Je rétrécirais de plus en plus à mesure que Lui grandirait de plus en plus en moi.
Ma vie familiale est tout le contraire d’une vie monastique. La prière y vient en dernière priorité. On n’a jamais le temps de prier: il faut se préparer pour notre journée, faire nos ablutions, nous occuper des enfants, puis courir pour s’habiller, aller travailler… Au travail, on ne pourrait penser prier: nous vivons dans un monde hostile au christianisme (le monde a-t-il déjà été docile à celui-ci?), où on peut parler ouvertement de la foi bouddhiste ou nouvel-âge, mais pas des religions monothéistes bien établies.
(Parenthèse) Vous savez pourquoi on peut parler si ouvertement de la foi bouddhiste? Parce que cette foi ne repose que sur l’homme. On devrait plutôt parler de religion bouddhiste car il n’y a pas de foi dans le bouddhisme. Le but de cette religion est de ne croire en rien. De s’élever en ne laissant plus rien nous affecter. Il faut chasser tout ce qui fait de nous des hommes pour devenir des dieux. Je préfère ma foi chrétienne, où Dieu choisit de s’incarner totalement, devenir homme pour souffrir avec nous. (/Parenthèse)
Après avoir été stressé sur la route, nous allons chercher les enfants, puis ce sont les de devoirs et le souper. Encore là, pas le temps de prier: il faut parler de nos journées (mais prenons-nous le temps de nous écouter?), puis ce sont les bains des enfants et ensuite nous faisons ce que nous devons faire à la maison. Une fois au lit, nous sommes épuisés.
Quand je dis que nous n’avons pas le temps de prier, je suis cynique, vous vous en doutez bien. Cela m’attriste que nous ne prenions pas le temps de prier en famille. Il me semble que nos vies seraient moins pesantes si nous prenions le temps de dire merci au Seigneur pour toutes les grâces qu’il nous fait. Il me semble que si nous invitions l’Esprit Saint à réchauffer nos cœurs avant d’échanger sur les difficultés que nous vivons, nous serions plus aptes à nous écouter et à nous comprendre. Il me semble que si Dieu était le roc sur lequel nous bâtissions nos maisons, les tempêtes et les raz-de-marée seraient moins susceptibles de tout détruire.
Prions pour que nos maisons et nos familles soient des maisons de la foi et que le silence qui soude et la Joie d’être ensemble en Dieu resplendissent sur le monde comme des feux!
Une réponse
Cher Mathieu, tu as une très belle plume. C’est plaisant de te lire. J’ai passé six jours complets dans un monastère et je me suis dépêché d’en sortir quand j’ai réalisé de façon foudroyante que je ne pourrais pas passer ma vie entre quatre murs. J’étais allé au monastère pour voir si c’était ma vocation. Mais pour qui a la vocation, c’est sûrement splendide. Je demande au Seigneur de permettre qu’un jour tu puisses prier en famille. Que la Sainte Famille de Nazareth intercède pour cela. Guy, omv