Il y a quelques semaines, je suis allé faire une retraite dans un monastère. J’essaie de faire cela une ou deux fois par année. Cette fois-ci, j’ai décidé d’y passer trois semaines, car la pandémie ne m’a pas offert la possibilité d’y aller plus tôt…
Faire une « retraite », ça consiste en quoi?
Faire une retraite, c’est se mettre à l’écart pour réfléchir, discerner; prier son Père dans le secret; déposer son fardeau, ses lourdeurs, aux pieds de Celui qui peut tout.
Faire une retraite, c’est aussi imiter Jésus qui se retirait souvent pour prier ou discerner avant de pendre une décision importante, comme le choix de ses Apôtres ou avant d’être livré aux autorités la veille de sa Passion. (cf Mt 6,6; Lc 6, 12-13; Jn 14, 35-36)
Saint Paul Apôtre nous donne l’exemple aussi. Avant de se lancer totalement dans la mission apostolique, il s’est retiré au désert en Arabie pendant trois ans pour méditer et connaître davantage le Christ dans l’intimité. (cf Galates 1, 17-18)
Les retraites, ça ne date pas d’hier!
Dans le Christianisme, tant oriental que occidental, les retraites ont toujours été un point d’importance.
Dès l’époque apostolique, les chrétiens étaient assidus à la prière et à la fraction commune du Pain après les longues journées. (cf Actes 2, 46)
Le IIIème siècle a été l’époque de « l’appel du désert »; plusieurs hommes et femmes quittaient tout : familles, amis, biens temporels, etc. pour aller vivre seuls au désert et y chercher Dieu. Plus le temps avançait, plus cette vie recluse évoluait. Tranquillement, des monastères ont commençé à apparaître et les grands ordres monastiques se sont développés.
Ces monastères ont été, et sont toujours, des lieux d’hospitalité pour les pèlerins désirant se ressourcer.
Ensuite, au Moyen-Âge, les nobles avaient dans leurs châteaux des « boudoirs », des pièces réserver à bouder… Sauf que, à cette époque, « bouder » n’avait pas la même consonance qu’aujourd’hui. En effet, « bouder » signifie seulement « se retirer », pas parce que on est fâché, mais tout simplement pour se reposer.
Vers la Renaissance, il y a eu une révolution dans le mode des retraites traditionnelles : Saint Ignace de Loyola, prêtre espagnol et fondateur des Jésuites, composait ses « Exercices spirituels », soit un plan précis et solide pour vivre 30 jours de retraite bien organisés. Ces exercices sont devenus les plans de retraite par excellence jusqu’à aujourd’hui même. De fait, tous les Papes depuis Paul III (1468 – 1549) ont recommandé ces exercices.
Aujourd’hui encore, bon nombre de personnes vont se ressourcer dans les abbayes du monde et participer aux Exercices de Saint Ignace ou à d’autres formes de retraites organisées pour reconnaître davantage l’action de Dieu dans leur vie.
Une retraite, aujourd’hui?
Dans un monde de plus en plus individualiste, on peut se demander pourquoi il faudrait passer du temps seul, alors qu’il faut réapprendre à vivre en société. Par contre, si nous devenons de plus en plus individualistes, nous n’apprenons toutefois pas à vivre seuls intellectuellement et moralement équilibrés. C’est là que la retraite entre en jeu.
En effet, tandis que l’individualisme nous emprisonne dans nos sécurités, nos plaisirs souvent mal ordonnés et nos lâchetés, la retraite nous confronte à notre solitude : pas de cellulaire, pas d’internet, pas de contacts extérieurs; c’est Dieu et nous. Cette solitude est tout, sauf de l’individualisme. C’est une ouverture à la rencontre de l’Autre, c’est le point d’ancrage de la vie de communion avec notre entourage.
Ça, on le découvre uniquement dans le secret de son Père, et pour y arriver, il faut aller bouder…