Dans le temps de Noël, on chante des hymnes de Noël tels que « Il est né le divin enfant » ou « Minuits chrétiens ». Noël, c’est d’abord et avant tout la célébration et la proclamation que Dieu est venu vivre parmi nous en la personne de Ieshoua Nsareth, Jésus de Nazareth, que les chrétiens acclament comme le Verbe Incarné. Au-delà des belles chansons qui nous rappellent la nostalgie d’une époque que nous n’avons pas connue, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire concrètement pour vous et moi qui nous nous levons chaque matin pour élever nos familles et contribuer à rendre notre monde meilleur? On peut comprendre un peu mieux ce que ça représente en regardant les autres religions et ce qu’ils nous présentent de Dieu.
Un Dieu lointain, très haut dans le ciel
Pour les juifs qui attendent encore le Messie, Yahvé est le Tout Puissant, le Seigneur des armées, celui qui a créé le monde. Il est Celui qui a créé les premiers hommes, Adam et Ève, et qui à son grand malheur, Lui ont désobéi. Il parle par des prophètes, des gens choisis, et il a donné une Loi que nous devons suivre. Il est celui qui rendra justice aux opprimés, au temps qui Lui conviendra. Il est Celui à qui nous devons plaire en obéissant à ses commandements.
C’en est un peu de même pour les musulmans, sauf que pour plaire à Allah, il y a choses très précises à faire (1):
- Le Ramadan, qui interdit de manger ou boire pendant trente jours tant que le soleil est levé. C’est une pratique annuelle pour toute personne en assez bonne santé et capable de le faire.
- La salat, c’est-à-dire les cinq prières quotidiennes pour tous les musulmans;
- La zakat, c’est-à-dire l’aumône à tous les ans
- La confession en un seul Dieu et en son prophète;
- Le pèlerinage à la Mecque si on en a les moyens.
Si vous faites cela en évitant de commettre des péchés tels que manger du porc ou boire dans le même verre qu’un chrétien, Allah devra vous faire entrer dans son paradis. Évidemment, les humains n’étant pas parfaits, une incertitude persistera jusqu’au moment de la mort. On ne peut alors que s’en remettre à la miséricorde de Dieu. Mais que faire si vous avez commis l’irréparable, par exemple, si vous avez tué quelqu’un, si vous avez volé et que vous ne vous êtes pas fait prendre, etc.? Vous êtes cuits! Vous avez déjà perdu votre ticket d’entrée et vous pouvez vous attendre à un châtiment éternel. À quoi bon faire des efforts, dans ce cas, si tout est déjà joué d’avance?
L’hindouisme : aspirer à jouer dans la cour des dieux
Pour les hindouistes, la religion est une espèce de théâtre où les dieux sont en relation les uns avec les autres. Ils ont bien assez de soucis entre eux et les humains, pour les importuner, doivent avoir quelque chose de très important à leur demander. Puisqu’ils croient à la réincarnation, ceux qui mènent une bonne vie dans celle-ci auront une classe plus élevée dans la prochaine, et ils pourront donc se purifier plus facilement, ayant le ventre plein, dans le but de sortir de cette spirale de misère humaine qu’est l’enveloppe corporelle et d’accéder une fois pour toutes à la dissolution dans l’atman (2), une espèce de grande mer où toutes les petites gouttes que sont les âmes vont se retrouver éternellement.
C’est à peu près le même principe en ce qui concerne le bouddhisme : lorsque nous serons assez stoïques pour ne plus être perturbés par les illusions que sont les souffrances et les joies dans la matière, nous serons dissous dans le Nirvana. La valeur de la vraie vie se trouve dans l’au-delà, et Dieu ne veut rien pour vous : Il est un être impersonnel, et vous comprendrez lorsque vous serez libérés des vanités de cette vie.
Le christianisme : Dieu avec nous
Dans notre manière de séparer le temps, il y a eu AVANT Jésus-Christ, et APRÈS Jésus-Christ. C’est dire l’importance du personnage. De nombreux malheureux ont suivi ce thaumaturge qui a vécu en Palestine et qui a vécu son ministère sous Ponce Pilate, le préfet romain alors en charge. Ses miracles étaient fameux et il guérissait les aveugles, les boiteux et les lépreux. Certains racontent même qu’il réveillait les morts! Pas étonnant qu’il ait attiré l’attention! Mais je crois qu’on ne serait pas souvenus de lui s’il n’était pas ressuscité lui-même trois jours après avoir été crucifié par les Romains parce qu’il s’était proclamé Fils de Dieu. L’objectif de ce texte n’est pas de faire l’apologie de Jésus et de vous convaincre qu’Il était bien Celui qu’Il disait être. Je voudrais simplement attirer votre attention sur ceci : si cet homme, si important qu’on calcule les années à partir de sa naissance (plus ou moins), a dit qu’Il était Dieu, je trouve le comportement de cet homme-dieu absolument déconcertant!
De tout temps, les hommes ont conçu des dieux loin d’eux, des dieux qui les jugeraient sévèrement d’être imparfaits. Les humains considéraient la misère humaine comme une tare, comme un signe d’impureté. Une fois seulement libérés de ces impuretés pourrions-nous atteindre le Transcendant, c’est-à-dire ce qui dépasse notre existence et qui semble s’étendre aux confins de l’univers et même au-delà, en dehors du temps. Mais le message étonnant de ce « gars de la construction[1] » est celui-ci : Dieu t’aime et il veut t’épouser. Il n’attend pas que tu sois parfait pour te rendre parfait ; du moment que tu lui dis « oui je le veux », il t’épouse et te fait accéder à cette vie divine, dès maintenant. Même pas besoin de mourir : il est mort à ta place, pour que tes impuretés ne soient plus un obstacle à ce que tu embrasses ta nouvelle condition divine, libre et amoureuse. Sa mort à lui te donne accès à cette vie nouvelle.
Le fait que ce soit Lui qui vienne à ta rencontre est un autre fait assez déconcertant! Il n’est plus un dieu très haut dans le ciel et très loin ; il vient à ta rencontre par son Esprit qu’Il a répandu sur terre à travers la Création. Il te parle maintenant à travers les autres humains, à travers la nature, à travers tout ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui est vrai. Tout cela parce que cet homme, qui s’est dit Dieu, est né en ce jour que nous commémorons, qu’il a vécu comme il l’enseignait et qu’il a donné sa vie, lui qui était juste, pour que nous, qui avons parfois commis l’impardonnable, puissions vivre dès maintenant la vie de rescapé, la vie de ressuscité. Tout ce qu’on a à faire, c’est de Lui dire « oui je le veux ». Puisse-t-Il nous donner la grâce de le Lui dire maintenant.
Références
1. ROYET, Amine Gérard. L’islam, religion de tolérance et de paix. Beyrouth : s.n., 2004.
2. WIKIPEDIA. Karma et réincarnation. Hindouisme.
[En ligne] 18 décembre 2018.
[1] On dit qu’il était charpentier dans son village de Nazareth avant d’entreprendre son ministère public.