Mort et résurrection

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Résumé de lecture

Durwell, F-X, Mort et résurrection

         Les intentions énumérées dans la prière sacerdotale prononcée au soir du Jeudi-Saint en vue du sacrifice unique du Christ sont actualisées dans la messe et devient alors celui de toute l’Église. Toute la messe est exprimée au verset dix-neuf du chapitre dix-sept de l’Évangile de Jean : « Je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés en vérité ».

« Je me sanctifie moi-même… »

            « Le mal de l’homme est en premier lieu d’ordre physique : «Il est privé de la gloire de Dieu» (Rm 3, 23) » (p. 7). Dans la Bible, des puissances malines veillent sur le monde non racheté: le Péché, la Mort et la Loi (bien que cette dernière soit une réponse du Bien) et derrière elles se profile la puissance subtile du «  Prince de ce monde », coupé de Dieu et de sa vie. Privé de l’Esprit qui est la vivifiante sainteté de Dieu, l’homme est condamné à marcher vers la mort et le péché. La mort d’un seul juste pourrait-elle effacer la condamnation inscrite dans la chair de l’homme depuis le péché originel?

Le Christ partage notre misère en entrant dans l’existence avec un «corps de mort», pareil à celui d’Adam, abaissé au-dessous des Puissances angéliques. Il commence par partager notre existence selon la chair, c’est-à-dire une existence qui n’est pas animée par la glorieuse sainteté de Dieu. Il parait, par son existence même, n’être qu’un homme à l’intérieur du monde non racheté. Son corps et toutes ses facultés, parce que si incomplètement saisis par la vie de Dieu, pouvait le mettre en proie à la peur et à l’angoisse, et même à la mort.

Le Christ se voue à Dieu par le renoncement total à lui-même

La sanctification est synonyme pour nous de consécration. Pour les juifs, la consécration  signifie « retirer du monde charnel un objet d’utilité profane pour l’amener sous l’emprise de la sainteté de Dieu. » Bien que consacré depuis avant le début des temps, Jésus de Nazareth se savait « séparé de lui-même » et désirait une union absolue à son Père. Il renonce totalement à tout ce qu’en lui ne vivait pas encore de Dieu et se sanctifie Lui-même en allant rejoindre la vivifiante sainteté de son Père par le pas sanglant de la croix. Il n’immole pas seulement les tendances de la chair en lui, il immole complètement l’être charnel qu’il était et il entre dans la sainteté de Dieu, glorifié par l’Esprit-Saint. Ainsi, il va au Père par la mort à lui-même. En mourant à ce monde de péché et en revenant à la vie en Dieu, il remettait les péchés de l’humanité toute entière. « Il ne meurt pas pour mourir, mais pour être à son Père » (p. 8) Sa mort est un geste d’amour qui l’extirpe de ce monde et le fait entrer dans le sein de Dieu. C’est par la résurrection que Jésus devient définitivement le « Fils de Dieu » et on peut dire que Pâques est le jour de sa naissance à la vie éternelle.

Pour qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés en vérité

« Désormais le salut, qui est une mort au monde et une divine résurrection, est à la disposition des hommes dans le Christ » (p. 9).

            Si Jésus meurt, ce n’est que pour sa propre résurrection. C’est par cette résurrection que l’on peut dire que le Christ « est venu » et non pas par sa naissance et par sa mort. Il vit désormais non plus selon la chair, mais dans l’Esprit-Saint « qui est divine puissance, ouverture initiale et totale effusion » (p. 10). Il peut maintenant entrer en relation avec chacun des hommes sur la planète, non pas par les sens mais mieux encore : de l’intérieur, en intimité. Il les attire et les contient en lui. Les hommes n’ont plus qu’à s’unir à lui pour être sauvés; à mourir au péché et revenir à la vie divine.

Dans l’Évangile de Jean, Jésus nous dit : « Je suis la voie ». Cette voie, pour les pèlerins que sont chacun des membres de l’Église, c’est le passage de la mort à cette vie charnelle à la vie divine. Plusieurs passages des lettres pauliniennes le rappellent aussi : du baptême par lequel nous sommes ensevelis en Christ et ramenés à la Vie en Lui, jusqu’aux explications théologiques aux Hébreux : « Il a ouvert une route neuve et vivante à travers le voile, c’est-à-dire sa chair » (He 10, 20). Toute la vie chrétienne consiste à « mourir avec » le Christ par la foi, le renoncement et le don de soi, la chasteté, l’espérance et la pauvreté. Le disciple missionnaire se « met à part » du monde pour appartenir au Christ, et « ainsi la mort fait son œuvre en nous et la vie en vous » (2 Cor 4, 2). Le Chrétien s’unit de plus en plus au corps du Christ par la sainte eucharistie et se sanctifie par ce fait. En se faisant plus petit, c’est le Christ qui grandit, qui donne cette vie nouvelle actionnée par Dieu qui le ressuscite. « C’est ainsi que nous sommes sauvés, sanctifiés à notre tour : nous communions à la mort et à la glorification du Christ » (p. 15) La communion au mystère pascal du Christ est la première condition d’un apostolat authentique. La sanctification toute personnelle du Christ procure au Chrétien la grâce puissante de participer à son tour à la rédemption universelle. En s’identifiant à Lui, l’Église bénéficie de la rédemption en Lui. L’Église s’unit à Lui au moment précis de sa mort-résurrection, acte même de la rédemption. Elle est non seulement une communauté de vie, mais une mystérieuse communion à cette mort et à cette glorification. C’est ainsi qu’elle participe à la rédemption universelle.

Conclusion

Voilà pourquoi je veux moi-même, à sa suite, me consacrer à lui : me retirer du monde profane et me positionner dans ce lieu saint, son Corps terrestre, et lui appartenir tout entier. Le seul sacrement de l’ordre que je puisse recevoir, je le désire pour n’avoir plus jamais aucune raison de refuser sa charité à l’une de ses brebis, comme une réponse de ma part à cette Nouvelle Alliance scellée par son sang, en reconnaissance éternelle pour la rédemption qu’il m’a accordée par sa grâce et lui rendre à mon tour cette promesse : je donnerai ma vie pour toi, parce que tu m’as aimé le premier et que tu m’as été fidèle malgré toutes mes infidélités.

C’est le texte le plus important sur le christianisme que je n’avais jamais lu de toute ma vie. Il nous explique d’une manière si limpide pourquoi et comment la Passion, la mort et la résurrection de Notre Seigneur est œuvre de salut, que toute autre lecture, mis à part celle de la Bible, me paraît superflue.

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