Quelle place l’Église doit-elle faire aux homosexuels?

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Ce matin, j’ai reçu le message d’une femme que je ne connais pas personnellement, mais qui est vraisemblablement disciple-missionnaire, dans lequel elle disait ne pas comprendre tout à fait ma position sur les homosexuels, sur l’homosexualité. Elle dit trouver mon propos parfois rude et rigide. Cependant, elle l’a fait avec une telle charité fraternelle que je me suis senti fortement interpellé à lui répondre, d’autant plus qu’elle m’invite positivement à parler davantage de moi, de mes expériences personnelles et familiales. Elle m’a aussi suggéré de m’intéresser au dernier livre du père James Martin, s.j. J’ai décidé de publier ici ma réponse à sa critique constructive, parce qu’elle parle justement de ce qu’il y a au plus profond de moi et qu’après tout, ce site est mon blogue personnel…

Le christianisme est d’abord et avant tout une relation personnelle avec le Christ

Pour moi, la relation personnelle avec le Christ est la chose la plus importante et la plus précieuse. Nous entendons parler de Lui par les gens que nous croisons « au hasard » et une certaine curiosité est semée. Nous nous approchons de Lui par la lecture de sa Parole et en échangeant avec des gens bien formés. Aujourd’hui, je sais qu’après avoir rencontré le Christ, Il nous amène à l’Église, c’est-à-dire à l’Assemblée des croyants. C’est grâce à elle que nous avons pu entendre parler de Lui et que nous grandirons dans la foi. L’isolement, entouré de gens qui pensent comme nous, ce n’est jamais bon. C’est d’ailleurs pourquoi j’apprécie énormément le message de cette membre de la communauté Facebook. Cela me force à me remettre en question et à observer si je me suis égaré, et où…

Tous pécheurs

Je pense que nous sommes tous pécheurs et que nous avons tous une poutre dans notre oeil que nous devrions tâcher d’extraire, avec le Christ, avant de pointer du doigt la paille dans l’œil de nos frères et sœurs.  En même temps, je pense aussi que le péché, le Malin, il faut le pointer du doigt et le dénoncer. Il n’aime pas quand on met la lumière du Christ sur lui. C’est mon moyen de le combattre, lui, le père du mensonge. Le Christ, il est le remède et, en tant que pécheur, je lui rends grâce de me permettre de cheminer avec des frères et des soeurs qui sont aussi pris par cette concupiscence qui les fait chuter malgré toute leur bonne volonté.

Combattre le mensonge

Alors que je combats plus doucement les mensonges courants dans notre monde, qui nous éloignent de l’amour du Père, chez ceux qui sont victimes de la pensée contemporaine et qui n’ont jamais eu la chance d’entendre un autre point de vue sur la Vérité, je combats plus durement, sur les médias sociaux, lorsque ces mensonges sont relayés sur les pages de gens qui sont bien formés en théologie et qui ont une influence dans l’Église ou une responsabilité de sanctifier leurs frères et sœurs. Si dans le premier cas, je préfère soulever des questions charitables, dans tous les cas je combats et dénonce les idées, mais jamais les personnes. C’est une distinction très importante. Attaquer les idées. Aimer les personnes.

Aimer et comprendre les personnes

J’ai des amis homosexuels. Je connais un couple de femmes qui sont ensemble depuis plus de 30 ans et je les adore. Je trouve qu’ils font un beau couple. Quand je les vois, je ne passe pas mon temps à imaginer combien ce qu’elles font dans leur chambre à coucher est horrible… Même que si j’y pense, j’y vois plutôt de la tendresse, de l’affection, et de l’amour (eros). Elles et moi sommes des humains qui cheminons dans la vie. Leur péché n’est pas plus grave que ma maudite manière de répondre raide à mes enfants ou de cracher mon fiel accumulé sur ma blonde suite à une remarque légitime qui n’a pas fait mon affaire. Moi, j’ai Jésus en qui me confier et je demande à son Esprit de travailler mes défauts, de me sanctifier. Je souhaite à tout le monde de Le rencontrer.

Les idées libérales du père James Martin

Je suis d’accord avec le père James Martin,s.j. sur la question de la place des homosexuels dans l’Église. Comme lui, je pense que les personnes homosexuelles ont le droit d’occuper des positions de leadership dans l’Église, que ce soit à des niveaux plus petits, comme celui des groupes de prières ou des mouvements, par exemple, qu’à des postes ecclésiastiques tels que curé ou même évêque. Il y a effectivement des prêtres homosexuels, nous en connaissons tous. La question n’est pas de connaître l’orientation sexuelle des membres de l’Église, autant que leur relation avec le péché.

Comparaison

La position de l’Église, face à la fraude et à la corruption, c’est que c’est mal, c’est péché, et que la bonne attitude à adopter est la rectitude financière. Il faudrait, pour qu’il soit acceptable qu’un politicien corrompu puisse siéger au conseil de la Fabrique de sa paroisse, qu’il ait, préalablement à son élection au poste de marguiller, avoué publiquement sa faute et fait œuvre réparatrice. Il serait scandaleux qu’un fraudeur qui minimiserait la gravité du péché de fraude, arguant que beaucoup d’autres le font, et que ceux qui le dénoncent ne sont pas mieux de toute manière, puisse manipuler les quelques subsides restants d’une pauvre paroisse. Il en est de même pour l’homosexualité. Ce qui m’apparaît grave, ce n’est pas qu’un leader de l’église entache son devoir de chasteté, quel qu’il soit (oui, les gens mariés ont aussi un devoir de chasteté, nous en reparlerons une autre fois), mais plutôt qu’il minimise la gravité du péché d’homosexualité.

Reproche

Je reproche au père Martin de suggérer de mettre sur pied des groupes de soutien aux personnes homosexuelles afin qu’elles se sentent mieux soutenues et intégrées dans l’Église.  Et pourquoi pas des groupes de fraudeurs, des groupes d’infidèles, ou encore des groupes de commères, présidés par les plus commères de la paroisse? On voit bien que ça n’a aucun sens de discriminer l’appartenance à un groupe en fonction de son péché. S’il y a un groupe où les pécheurs devraient se sentir à leur place, c’est l’Église, point final! Pourquoi mettrions-nous davantage les pécheurs homosexuels sur un piédestal que les autres? Qu’y a-t-il de plus « honorable » ou de moins « volontaire » dans l’homosexualité que celui de la fraude ou du commérage? Rien de plus, rien de moins. C’est pareil.

L’homosexualité est un péché comme les autres. Et donc, les personnes homosexuelles assumées ont autant leur place dans l’Église que les politiciens corrompus, les mécaniciens qui surfacturent leurs clients, les femmes qui jugent les autres femmes sur leur apparence et les hommes qui trompent leur femme à tour de bras depuis des années. Le péché, c’est le péché. Et la place des pécheurs, c’est à l’hôpital des pécheurs, auprès du Médecin qui nous sauve tous. Personne ne devrait être distingué sur la base de ses faiblesses, encore moins y trouver un avantage.

À qui revient-il de juger?

Vous ne me verrez jamais, le doigt pointé vers l’avant, dénoncer le péché d’homosexualité. Vous me verrez plutôt dénoncer, toujours, les propos de ceux et celles qui veulent minimiser la gravité de ce péché, comme si c’était beaucoup moins grave que d’autres péchés. Le péché, c’est le péché, et il doit être vu comme tel : un mensonge que l’on se raconte pour ne pas faire l’effort de devenir saints. Personnellement, quand je m’aperçois que j’ai péché, je confesse ce dernier et je demande à Dieu la grâce de ne plus recommencer. Quand j’ai obtenu l’absolution, mon péché est effacé. Et c’est tout, c’est fini. Bec et bobo. Me revoilà de nouveau l’âme pure et j’essaie de la garder intacte le plus longtemps possible, comme un enfant tâche de garder son chandail blanc en sortant jouer dehors. Indubitablement, il finira par le salir de nouveau. Sa mère ne le grondera pas, si elle voit qu’il a fait attention autant qu’il l’a pu. Mais les enfants finissent toujours par salir leurs chandails blancs. Et les mamans (et les papas, on est en 2019!) finissent toujours par les remettre aussi blancs qu’ils l’étaient auparavant.

Ce n’est pas à moi, simple laïc, de décider si une personne a le droit de s’asseoir à mes côtés, dans les bancs de l’église. À la limite, un prêtre saura, dans le secret de la confession, juger le droit d’une personne pécheresse de communier ou non. Mais que cette personne communie ou non, ce que je sais, c’est que ma job à moi, c’est de me réjouir que ce frère, cette sœur, soit à côté de moi pour rendre grâce à Dieu, pour le louer et le prier d’exaucer nos prières. Dieu ne se satisfait-il pas davantage des pécheurs humiliés que des parfaits orgueilleux?

Croire et témoigner

Qu’il s’agisse d’homosexualité ou d’un autre péché, il nous faut être vigilants face au malin et l’éclairer de la Parole de Dieu. C’est Lui, le médecin qui guérit nos cœurs. Il nous a donné l’Église pour nous transmettre une doctrine pure de toute erreur et pour nous faire marcher ensemble vers la sainteté. En tant que baptisés, notre mission est de témoigner de ce que Dieu a fait pour nous. C’est là le plus grand service que nous pourrions rendre à nos frères et sœurs. Ce témoignage, avec la grâce de Dieu, contribuera peut-être, au moment opportun que nous ne connaissons pas, à semer le désir d’un autre de se laisser rencontrer par Dieu. Si nous croyons en l’Esprit Saint et en son Église apostolique, nous devons tenir fermes dans la doctrine qu’elle enseigne et croire en son autorité. Ce faisant, il nous sera plus facile de résister à la tentation de juger nos frères et sœurs et nous laisserons cette tâche à Notre Papa d’amour qui connaît le cœur et le contexte de chacun de nous.

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