L’Histoire retient deux douloureuses séparations qui sont survenues dans l’Église fondée par Jésus Christ et dont la foi a été transmise par ses Apôtres : celle de 1054 qui a séparé l’Église orthodoxe de l’Église romaine latine, puis celle de 1517, qui sépare les Églises réformées (dites protestantes) de l’Église catholique. Cet article propose un survol de l’histoire des deux schismes chrétiens et les différences qui distinguent les trois Églises afin de trouver une base commune sur laquelle nous entendre et progresser ensemble vers la pleine unité.
Une Église stable pendant 1000 ans
Tout d’abord, il est incontournable de rappeler d’où viennent toutes ces distinctions entre les chrétiens. Il s’agit d’une histoire qui s’étale sur plusieurs siècles, et dont les détails sont archi-intéressants pour ceux qui s’intéressent à l’histoire. Nous nous contenterons ici de souligner les éléments les plus importants qui mènent à l’élaboration d’un credo commun à toutes les Églises chrétiennes dignes de ce nom.
Avant Constantin
La foi chrétienne n’avait pas de statut officiel de religion avant qu’un premier empereur romain ne se convertisse à la foi de l’Église. On parlait alors de « la voie » enseignée par Jésus. Déjà, des divisions existaient entre les communautés, comme il est attesté dans la première épître de Paul aux Corinthiens.
En effet, parmi vous, il y a de la jalousie et des disputes. Alors, est-ce que vous n’êtes pas des gens faibles ? Est-ce que votre façon de vivre n’est pas encore bien humaine ? Quand l’un de vous dit : « Moi, j’appartiens à Paul », quand un autre dit : « Moi, j’appartiens à Apollos », est-ce que ces paroles ne sont pas encore bien humaines ?Apollos, c’est qui ? Et Paul, c’est qui ? Nous sommes seulement des serviteurs de Dieu. C’est par nous que vous êtes devenus croyants, et chacun de nous a travaillé selon les dons que Dieu lui a faits. Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui a fait pousser. Celui qui plante n’est rien, celui qui arrose n’est rien. Mais celui qui fait pousser est tout, et c’est Dieu. Entre celui qui plante et celui qui arrose, il n’y a pas de différence. Mais Dieu donne à chacun sa récompense, selon son travail. Car nous travaillons ensemble au service de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu. (1 Co 3, 3-9)
Les adeptes de cette voie ont été juifs jusqu’aux environs des années 60-70 après Jésus-Christ (c’est-à-dire pendant environ 40 ans après l’Ascension de notre Seigneur). Mais alors, les juifs ont décidé que ceux qui se disaient « chrétiens » avaient une foi et des coutumes tellement différents d’eux qu’ils ne devaient plus être acceptés dans les synagogues. Ils ont été « excommuniés » de la religion juive.
La « secte » chrétienne vivait donc, depuis cette époque, dans l’anonymat. Les assemblées se tenaient dans des maisons privées, et il fallait être invité connaître un certain mot de passe pour entrer. Plusieurs périodes de persécutions de la part des autorités civiles et religieuses ont marqué ces communautés, mais n’a pas empêché le message d’atteindre un nombre grandissant d’adeptes. Pendant cette période, on se basait sur la transmission du témoignage des Apôtres et sur des copies d’évangiles qui circulaient. Les plus nombreux et populaires de ces évangiles étaient, bien entendu, ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Religio licita
C’est en 312 que l’empereur Constantin accepte Jésus comme son sauveur. Il faut dire que sa mère, Suzanne, était elle-même chrétienne et qu’elle avait prié longtemps pour la conversion de son fils. En 313, Constantin 1er émet l’édit de Milan, qui rend le christianisme religio licita, c’est-à-dire un culte reconnu par l’État au même titre que la mythologie gréco-romaine ou le judaïsme.
Mais il existait des dissensions théologiques au sujet de Jésus Christ. C’est pourquoi l’empereur convoque le premier concile oecuménique, dans un souci de vérité, de paix et d’harmonie entre les doctrines enseignées dans les différentes régions du monde. Tous les épiscopes (évêques) du monde sont invités à Nicée en 324 pour définir la foi qui les unissait tous, et rejeter par le fait même ce qui ne correspondait pas à la foi qu’ils avaient eux-mêmes reçus de la Tradition. Le « Symbole de Nicée« , au sens étymologique du terme, sera complété lors du second concile oecuménique qui se tiendra en 381 à Constantinople. Ce credo est encore récité durant les célébrations liturgiques catholiques :
« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible.
Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles ; il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l’Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ; et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; il a parlé par les prophètes. Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. Amen.»
Premier schisme : séparation de l’Église orthodoxe
L’Église orthodoxe
En 1054, un conflit miné depuis plusieurs siècles éclate et la séparation des Églises d’Occident et d’Orient devient effective après que le patriarche de Constantinople et l’évêque de Rome se soient mutuellement excommuniés. L’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine sont désormais deux branches distinctes du christianisme qui ont émergé à partir d’une même tradition commune mais qui ont évolué différemment au fil du temps. Voici quelques-unes des différences les plus importantes entre les deux :
Autorité
L’Église orthodoxe considère que chaque évêque est égal en autorité, tandis que l’Église catholique romaine reconnaît l’autorité suprême du pape, considéré comme le successeur de saint Pierre.
Doctrines
Bien que l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine partagent de nombreuses doctrines fondamentales, il y a des différences notables. Par exemple, l’Église orthodoxe insiste sur la primauté de la liturgie, tandis que l’Église catholique romaine a une plus grande emphase sur la théologie.
Langue
L’Église orthodoxe utilise principalement le grec ancien dans ses services liturgiques, tandis que l’Église catholique romaine utilise principalement le latin.
Mariage des prêtres
L’Église orthodoxe autorise le mariage des prêtres, tandis que l’Église catholique romaine exige que ses prêtres soient célibataires.
Pratiques de vénération
Bien que les deux Églises vénèrent les saints et les icônes, l’Église orthodoxe utilise des pratiques de vénération plus ritualisées, telles que la vénération des icônes à genoux.
Deuxième schisme : naissance de l’Église Protestante
Martin Luther était un prêtre et professeur de théologie à l’université de Wittemberg a rédigé ses 95 thèses en 1517, critiquant les abus de l’Église catholique. En résumé, il conteste la vente des indulgences et affirme que le repentir sincère est la clé du salut. Luther remet en question l’autorité du pape et des conciles, insistant sur la primauté de l’Écriture sainte. Il s’oppose à la richesse accumulée par l’Église et dénonce la corruption des prêtres. Luther prône le sacerdoce universel et rejette le système de confession. Ses thèses ont provoqué une rupture avec l’Église catholique, marquant le début de la Réforme protestante en Europe.
Les différences principales entre les chrétiens catholiques et les protestants peuvent être regroupées en plusieurs domaines clés, notamment la théologie, l’autorité religieuse, la liturgie, la pratique spirituelle et la relation avec les sacrements. Voici quelques exemples de ces différences :
Théologie
Les catholiques croient en la tradition apostolique, la succession apostolique et la primauté du pape comme chef de l’Église. Les protestants, en revanche, se concentrent davantage sur la Bible comme autorité suprême et rejettent souvent la primauté papale.
Autorité religieuse
Les catholiques croient que l’autorité spirituelle est centrée sur le pape et la hiérarchie de l’Église, tandis que les protestants considèrent que l’autorité spirituelle est décentralisée et repose sur les pasteurs et les dirigeants de chaque communauté.
Liturgie : Les catholiques ont une liturgie très structurée, comprenant des rituels, des célébrations et des sacrements tels que la confession et la communion. Les protestants, en revanche, ont une approche plus libre de la liturgie et se concentrent souvent davantage sur la prédication et l’enseignement de la Bible.
Pratique spirituelle : Les catholiques ont une tradition de dévotion mariale et de vénération des saints, tandis que les protestants se concentrent souvent davantage sur la relation personnelle avec Jésus.
Sacrements : Les catholiques reconnaissent sept sacrements, y compris le baptême, la confirmation, l’eucharistie et le mariage, tandis que les protestants en reconnaissent généralement seulement deux ou trois, notamment le baptême et la communion.
Il convient de noter que ces distinctions ne sont pas absolues et qu’il y a souvent une grande variété de croyances et de pratiques au sein même de chaque groupe.
Définir la foi chrétienne
La définition de la foi chrétienne qui est généralement acceptée par la majorité des chrétiens est donc celle qui reconnaît Jésus-Christ en tant que Fils de Dieu et sauveur de l’humanité, et qui se fonde sur la Bible en tant que source d’autorité divine. Les chrétiens orthodoxes, catholiques, protestants et évangéliques partagent cette compréhension fondamentale de la foi chrétienne.
Ils croient que Jésus-Christ est Dieu incarné, c’est-à-dire que Dieu s’est fait homme en la personne de Jésus-Christ pour racheter l’humanité de ses péchés. Ils acceptent également la doctrine de la Trinité, qui affirme que Dieu est une seule essence divine en trois personnes distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
La plupart des chrétiens suivent les sacrements de l’Eglise, comme le baptême et la communion, et se consacrent à l’adoration de Dieu. Ils cherchent également à suivre les enseignements de Jésus-Christ en matière de comportement moral et d’éthique.
Encore une fois, il est important de noter que, bien que la plupart des chrétiens partagent une compréhension commune de la foi chrétienne, il existe une grande diversité d’enseignements dans la théologie, la liturgie et les pratiques entre les différentes dénominations et traditions chrétiennes, et à l’intérieur même des Églises de même dénominations.
Un portrait global
L’histoire de l’Église est fascinante. Elle témoigne d’un processus mystérieux au cours duquel Dieu est en train de réunir son peuple en un seul corps. Nous n’avons abordé que les deux schismes principaux de l’Église à partir du point de vue catholique, mais il convient de garder en tête que d’autres séparations ont eu lieu à l’intérieur de ces deux mouvements séparés, et que d’autres Églises qui se disent chrétiennes ne sont pas reconnues comme telles par les trois grands courants dénominationnels, comme les Témoins de Jéhovah et l’Église des saints des derniers jours (mormons).
On pourrait penser que toutes ces séparations vont plutôt dans le sens de la désunion, mais Dieu a ses méthodes auxquelles nous pouvons faire confiance (cf Gn 11, 1-9, Ap 7, 9-10). À la fin, nous serons tous réunis en un seul corps, car c’est sa souveraine volonté. L’Église catholique romaine se montre toujours ouverte à la réintégration de chacune des Églises séparées, comme une mère attend toujours le retour de ses enfants. Par exemple, les excommunications réciproques ont été levées en 1965 entre les Églises orthodoxe et catholique. Un dialogue constant est ouvert avec les Églises réformées (protestantes). D’ici à ce que toutes les Églises soient réunies une fois pour toutes, nous pouvons voir cette diversité comme une opportunité d’apprendre les uns des autres tout en respectant notre identité propre. Il y a du bon dans chacune de ces dénominations, mais au risque de paraître chauvin, osons affirmer que la dénomination catholique, qui signifie « universelle », propose la vérité pleine et entière de la Tradition chrétienne transmise sans interruption depuis les Apôtres jusqu’à notre époque. En attendant, le Credo de Nicée-Constantinople ci-haut peut servir de base solide pour adorer notre Seigneur dans la paix et la sérénité.