La publication en 1968 par le pape saint Paul VI de l’encyclique Humanae Vitae a fait grand bruit et suscite encore aujourd’hui d’épiques débats. Bien que la transmission de la vie humaine soit depuis toujours la responsabilité des époux, le contexte contemporain apportait de nouvelles questions auxquelles l’Église devait répondre ; l’avortement et la pilule anticonceptionnelle semblaient « libérer » la sexualité de sa finalité objective de reproduction et ouvrir la porte aux relations moins durables comme aux « expériences » sexuelles à des fins de divertissement. Mais cette apparente liberté était-elle un piège dans lequel les sociétés occidentales risquaient de sombrer? Saint Paul VI répond avec aplomb à l’enjeu qui guette le mariage et la reproduction humaine, et ce, même s’il avait reçu des avis contradictoires de la commission mise sur pied par son prédécesseur, le saint pape Jean XXIII, pour étudier en profondeur cette question.
Le mariage et l’amour conjugal
« Le mariage n’est pas l’effet du hasard ou un produit de l’évolution de forces naturelles inconscientes : c’est une sage institution du Créateur pour réaliser dans l’humanité son dessein d’amour.[1] » L’amour pleinement humain, c’est-à-dire « à la fois sensible et spirituel[2] » est un choix libre et conscient, « destiné à se maintenir et à grandir à travers les joies et les douleurs de la vie quotidienne[3] ». C’est « une forme toute spéciale d’amitié[4] » entre un homme et une femme qui forment alors une seule et même âme, et littéralement un seul et même corps. L’exclusivité conjugale absorbe bien souvent de durs coups à encaisser, mais « l’exemple de tant d’époux à travers les siècles prouve non seulement qu’elle est conforme à la nature du mariage, mais encore qu’elle est source de bonheur profond et durable[5] ». L’accueil de la fécondité par le couple, par conséquent, l’expression de cette relation exclusive, libre, profonde et durable des époux.
La paternité responsable
Saint Paul VI appelle les époux à l’exercice responsable de leur parentalité qui implique la (re)connaissance des « lois biologiques qui font partie de la personne humaine[6] ». De ce respect de leur biologie, les époux peuvent alors prendre la décision libre et éclairée d’avoir une famille nombreuse ou d’éviter une nouvelle naissance, temporairement ou indéfiniment, à cause de leurs conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales. Les actes conjugaux par lesquels s’unissent les époux et par les moyens desquels ils transmettent la vie sont nobles et dignes[7], même si, « pour des causes indépendantes de la volonté des conjoints, on prévoit qu’ils seront inféconds[8] ».
Conclusion
La doctrine de l’Église concernant la sexualité et la régulation des naissances repose sur le lien indissoluble, « que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation. » Accueillant les rythmes de la fertilité inscrits dans la biologie de l’homme et de la femme, le couple exerce sa sexualité dans le don de soi et la confiance en Dieu, qui est au cœur du couple et de la famille chrétienne. Les méthodes naturelles visant à éviter temporairement ou pour un temps indéterminé les nouvelles naissances sont ordonnées à la loi naturelle et de Dieu, tandis que les méthodes mécaniques ou synthétiques qui entravent les naissances ont des conséquences graves, tant sur la santé physique et psychologique des personnes, que sur leur santé spirituelle et leur relation avec le Père Céleste.
Saint Paul VI exhorte tous ceux qui pourraient influencer positivement l’éducation à la chasteté des jeunes et des couples, à s’y dépenser sans réserve : hommes de science, éducateurs, législateurs, parents, prêtres et évêques ont tous un rôle important à jouer. Fidèle à lui-même, le pape Montini y va d’un appel à l’inter-évangélisation des foyers : « ce sont les foyers eux-mêmes qui se font apôtres et guides d’autres foyers. C’est là sans conteste, parmi tant de formes d’apostolat, une de celles qui apparaissent aujourd’hui les plus opportune[9] ». On peut dire sans se tromper que saint Paul VI avait vu juste et que son appel retentit avec ampleur dans notre monde d’aujourd’hui.
[1] s. PAUL VI, Lettre encyclique Humanae Vitae. Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 1968, no. 8.
[2] Ibid., no. 9
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Ibid., no.11
[8] Ibid.
[9] Ibid., no. 26