Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte s’emparait de tous les esprits: nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres. Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Jour après jour, d’un seul coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés. (Ac 2, 42-47)
Jusqu’à ce matin, j’ai toujours considéré la première communauté chrétienne décrite par saint Luc dans les Actes des Apôtres comme étant celle du premier groupe de chrétiens constitué immédiatement après la Passion et la Résurrection de Notre Seigneur. Mais ce matin, grâces à Dieu, il m’est apparu que cette description convient parfaitement à l’idéal de la famille que je porte en moi.
Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. (v. 42)
Lorsque nous disons, en famille, « (…) notre Pain de ce jour », cela ne signifie pas seulement que nous souhaitons avoir à manger sur notre table, mais c’est aussi une demande à Dieu de nous nourrir de sa Parole. Un simple temps, 15 minutes, partagé en famille autour d’un très court passage de la Bible, nous permet d’atteindre l’objectif d’être assidus à l’enseignement des apôtres et de l’Église. Cette prière du matin (laudes), cimente la communion fraternelle dans la famille tout comme dans les communautés religieuses (puisque la famille, sacrée par le mariage catholique, est une communauté religieuse…). Prier en famille éloigne le père de nombreux conflits d’égoïsme et d’orgueil.
La crainte s’emparait de tous les esprits: nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres. (v. 43)
« Devant les phénomènes grandioses, inhabituels, terrifiants, l’homme éprouve spontanément le sentiment d’une présence qui le dépasse et devant laquelle il s’abîme en sa petitesse1. » Ce n’est pas de ce genre de crainte dont on parle ici. On parle plutôt d’une crainte révérentielle qui concoure à acheminer ceux et celles qui sont en contact avec les membres de la famille vers une foi plus profonde, car la prière assidue permet au croyant de voir et de témoigner davantage mieux les petits et grands miracles de la Providence. En somme, on parle ici ni plus ni moins d’évangélisation.
Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens t en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. (v. 44)
Pour ma part, voici le noeud du problème le plus fréquent sous mon toit: « Mes choses ne sont pas tes choses; c’est mon jouet; c’est mon argent; c’est ta carte de crédit. » La communauté chrétienne, puisqu’elle n’est désormais qu’un seul corps rassemblé par l’Esprit Saint, met tout en commun et distribue les biens qu’elle possède selon les besoins de chacun. Dans le désir tout à fait légitime de garder les pieds sur terre et d’accumuler un certain patrimoine financier et immobilier à léguer aux générations futures, il est de mise que chaque membre de la communauté (ou de la famille) réduise au minimum ses besoins nécessaires (au sens philosophique du terme) afin d’en laisser pour les autres.
J’avoue bien humblement que j’ai fait de nombreuses erreurs en cette matière, jugeant nécessaires, à une certaine époque, des choses absolument superficielles selon mes valeurs d’aujourd’hui. Mon épouse, longanime pendant de nombreuses années, a fini par perdre patience avant que l’effet de ma conversion ne se fasse sentir. C’est ce verset qui m’a frappé ce matin pendant que je n’y pensais pas du tout. Tout le monde sait que l’argent est la principale cause de division dans les familles, ceci étant parce qu’un de ses membres désire une part plus grande que ce dont il a besoin. L’appel à la sainteté dans la famille, comme dans la communauté, est celui de l’humilité, du service et du don de soi et de ses biens matériels. Dans une famille, on partage tout, un point c’est tout!
Jour après jour, d’un seul coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de coeur.
Il est vrai que les premiers chrétiens se rassemblaient chaque jour au Temple de Jérusalem pour louer Dieu de ses bienfaits. Le Temple étant maintenant détruit, c’est maintenant l’Église qui est le Temple fondé sur la pierre d’angle qui est le Christ. Et la famille est une Église, elle en est la première cellule. Quand donc les membres de la famille se rassemblent autour de la table pour le repas du soir, un temps sacré pour encore bien des Québécois même en cette époque éprouvée religieusement, et qu’ils prennent une toute petite minute pour remercier le Créateur de ses dons, et qu’ils pensent un tout petit peu à ceux et celles qui ont travaillé pour qu’ils aient cette nourriture à partager, ils répondent à l’appel de la Sainte Famille. C’est avec des gestes tout simples comme ceux-là qu’une famille devient un espace sacré, un signe d’amour pour le monde. Si vous allez un jour sur un site de rencontres, ne serait-ce que par curiosité, vous verrez que « prendre un repas entre amis ou en famille » se classe dans le top 3 des « grands petits plaisirs de la vie » de la grande majorité des humains.
Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés.
Comment ne pas aimer une telle famille ainsi présentée? Il est évident que cette famille en inspirera plus d’une. En tout cas, moi, j’aimerais bien avoir une telle famille comme voisine! Je crois du fond du coeur que plus il y aura de ces familles-cellules, incarnées dans des paroisses, communautés de communautés, et plus la Bonne Nouvelle sera proclamée. Car l’Évangile ne s’enseigne pas, il se vit!
Bien que je vive séparé des miens en ce moment, je garde espoir en ce modèle idéal et je m’y accroche. Je suis responsable de mes erreurs et je prie Dieu de me donner la chance de les réparer complètement. Bien que n’étant pas moi-même un modèle de réussite en la matière, je crois que ma situation actuelle et la lecture que je viens de faire de ce passage pourra en encourager d’autres à suivre l’exemple proposé dans les Actes des Apôtres. Si vous en avez le temps, prions ensemble pour les familles séparées afin qu’elles trouvent le chemin de la réconciliation.
1« Craindre » dans Vocabulaire de théologie biblique, Paris, Les éditions du Cerf, 1966.