Avortement : que dit l’Église exactement?

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Le sujet de l’avortement est revenu dans l’actualité cette semaine, avec la fuite d’un rapport de la cour suprême des États-Unis qui serait sur le point d’annuler le fameux jugement «Roe v. Wade» qui rendait l’avortement accessible à toutes les femmes. Dans les médias traditionnels, on s’insurge que la question revienne, alors qu’on la considérait comme étant réglée depuis longtemps. Si bien des voix s’élèvent, on entend peu d’échos de ce que l’Église enseigne. Pourtant, pour nous forger librement une opinion juste et complète, il est impératif de savoir exactement ce que dit l’Église au sujet de l’avortement. Dans ce court article, nous soulignerons les principaux arguments de l’Église en faveur de la vie, sans toutefois pouvoir en faire la liste exhaustive.

L’avortement est une question de liberté

Pour l’Église, la personne humaine est faite par Dieu afin qu’elle le connaisse de manière intime. Dotée du libre-arbitre, elle peut faire ses propres choix. Malheureusement, elle a tendance à faire de mauvais choix : «Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas» (Rm 7, 19). Toutefois, par la foi en son Fils Jésus, nous accédons à une nouvelle morale, celle de la grâce. Dorénavant, c’est l’Esprit-Saint qui vient au secours et guide toute personne qui croit et désire ordonner sa volonté à celle de Dieu.

L’Église aura toujours une option préférentielle pour les plus pauvres et vulnérables. Elle est l’une des rares institutions à voir le problème de l’avortement du point de vue des enfants à naître et elle se fait la voix de ceux qui n’en ont pas encore.

Catéchisme de l’Église catholique

Pour l’Église, «La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie» (CEC 2270).

«Les droits inaliénables de la personne devront être reconnus et respectés par la société civile et l’autorité politique. Les droits de l’homme ne dépendent ni des individus, ni des parents, et ne représentent pas même une concession de la société et de l’état ; ils appartiennent à la nature humaine et sont inhérents à la personne en raison de l’acte créateur dont elle tire son origine. Parmi ces droits fondamentaux, il faut nommer le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort». (CEC 2273)

Même pas une question religieuse, selon le pape François

Pour plusieurs, la pensée du pape François est équilibrée, à la fois solide sur la doctrine et la Tradition, tout en se montrant particulièrement compatissant envers les pauvres et les marginaux. Questionné en 2019 sur la question de l’avortement, il répondait «qu’aucun être humain ne peut être considéré comme incompatible avec la vie, même quand un enfant à naître est condamné à brève échéance».

Est-il licite d’éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il licite d’embaucher un tueur à gages pour résoudre un problème ? », a déclaré le pape. « N’allez pas sur le religieux pour quelque chose qui regarde l’humain », a-t-il ajouté. Source image: La Presse

Selon les évêques canadiens, l’État a un intérêt légitime à protéger l’enfant à naître

Dans le cadre du 30e anniversaire de la «décision Morgentaler», la conférence des évêques catholiques du Canada reprenaient les mots de  Gerard Mitchell, ancien juge en chef de l’Île-du-Prince-Écouard, au sujet de cette décision rendue par la cour suprême du Canada qui déclarait que l’interdiction d’avorter était contraire aux droits de la femme garantis par la Charte des droits et libertés de la personne. M. Mitchell soulignait toutefois que les sept juges de la cour suprême du Canada «reconnaissaient que l’État a un intérêt légitime à protéger l’enfant à naître».

Pour la conférence des évêques catholiques du Canada, l’avortement n’est pas la solution au drame d’une grossesse imprévue. «Légal ou non, chaque avortement fait au moins quatre victimes : l’enfant à naître, la mère, le père et la communauté. Les gestes de la mère, qu’ils soient contraints ou posés librement, lui causent une blessure qui perdure souvent toute sa vie.» 

L’avortement permet simplement à la société d’éviter plus facilement le devoir moral qui lui incombe d’assurer la protection et l’hébergement des plus vulnérables : les mères enceintes, les enfants à naître et toutes les personnes dans le besoin.

Charité et compassion

À la femme qu’on a accusé d’adultère, le Christ dit : «Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus» (Jn 8, 11). L’Église est donc en phase avec l’enseignement de son Seigneur. Avorter la vie d’un enfant, une personne humaine dans le sein de sa mère est un péché, c’est-à-dire une erreur. À la suite du Christ, l’Église éprouve une très grande compassion pour ceux et celles qui ont commis des erreurs dans le passé et qui le regrettent. À ceux-là, le Christ accorde son pardon et sa miséricorde abonde. À l’inverse, il n’y va pas de main morte dans ses remontrances envers les personnes religieuses qui pointent du doigt les erreurs des autres en oubliant leurs propres fautes. Ceux-là, le Seigneur n’hésite pas à les traiter d’hypocrites et de «tombeaux blanchis». À ces orgueilleux, il dit : «Que celui d’entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle.» (Jn 8, 7)

Gardons-nous donc de condamner les femmes qui ont fait le choix d’avorter, et efforçons-nous de nous montrer compatissants envers nos frères et sœurs qui font ce qu’ils pensent devoir faire pour le mieux, même si nous croyons qu’ils se trompent. Voilà une attitude qui respecte à la fois la liberté et la valeur innommable de chaque vie humaine et la reconnaissance de cette réalité que personne n’est parfait et que «tous ont péché»(Rm 3, 23). Rejeter le péché, aimer les humains : c’est la meilleure façon de collaborer avec le Seigneur pour que s’établisse son Royaume à jamais.

 

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