Avortement. Voilà. C’est lancé. Le mot a été prononcé. Cette chose dont on ne doit pas parler. Ce sujet, clos à jamais, duquel il est strictement interdit de vouloir discuter, au risque de se faire rabrouer: Au nom de la liberté des femmes, tais-toi!
Un sujet dont personne n’a le droit de parler, surtout pas les hommes!
Effleurer l’idée qu’on aurait peut-être intérêt à offrir d’autres alternatives lorsqu’une femme ne veut pas élever l’enfant qu’elle porte relève du sacrilège. On se fait insulter lorsqu’on mentionne, au tournant d’une discussion, qu’on aura beau appeler ça un « foetus » plutôt qu’un « bébé » pour que ça reste un concept impersonnel, ça demeure quand même un être vivant. Et que dire, si on ose évoquer que cet être humain a peut-être, lui aussi ,des droits! Mieux vaut être prêt à recevoir un tsunami de réponses, la plupart loin d’être bienveillantes. Si, en plus, tu as le malheur d’être né avec un pénis entre les jambes, alors n’ose même pas penser donner ton opinion! Ce qui se passe dans l’utérus de la femme, ça ne te regarde pas! Parce qu’on sait tous que les hommes n’ont rien à voir avec la conception. Right? On veut qu’ils s’impliquent, qu’ils se sentent concernés par la grossesse, mais uniquement quand nous, femmes porteuses d’utérus, ça nous convient…
Mais moi je veux qu’on en parle. La conception, la vie, ça concerne tous les vivants, toujours. Je veux que mes enfants, filles et garçons, soient conscients que la vie, c’est précieux. Je veux qu’ils apprennent à prendre leurs responsabilités, à assumer les conséquences de leurs gestes, de leurs choix. Je veux qu’ils réfléchissent sur la vie et sur la liberté…
L’avortement est-il un vrai choix?
Apparemment, offrir un accès facile à l’avortement serait le summum de la liberté, pour les femmes. « Une grossesse imprévue? Ça ne vous adonne pas, madame? Mauvais timing? Mauvais papa? Pas de problème. Signez ici, on va vous arranger ça… Quoi? Vous n’êtes pas à l’aise de tuer un être humain? Ah ben là, arrangez-vous avec vos troubles. Ça ne nous concerne pas. C’est votre problème. Vous aviez une solution facile pourtant! Vous n’en voulez pas? Tant pis pour vous. » Et on appelle ça un choix?
Un débat basé sur la science? Vraiment?
Je ne me ferai pas beaucoup d’amis avec ce texte. Parce que ces mêmes personnes qui se vantent d’être si ouvertes aux autres et « de leur temps » (pas des idiots rétrogrades qui veulent discuter de l’avortement!), ils ne veulent pas remettre en cause leurs idées reçues. La science leur est très utile, tant qu’elle sert leur argumentation. Mais ils oublient que la science, lorsqu’elle a connaissance de nouvelles données, se doit d’en tenir compte et de réévaluer ses conclusions. Et que la science, aussi, peut se tromper.
Les statistiques et les études, il faut savoir les lire, les prendre dans leur contexte. Lorsqu’une étude démontre que les femmes qui n’ont pas pu avoir accès à un avortement ont vu leurs conditions de vie se détériorer, ils voient là un argument en faveur de l’avortement. Par contre, on ne mentionne pas que c’est aussi le cas de beaucoup de familles qui ont souhaité et planifié avoir des enfants. Parce que, oui, des enfants, ça bouleverse une vie. On ramène sur la table les dangers des avortements « maison » et toutes les femmes qui en ont souffert, mais on oublie que le contexte d’aujourd’hui est très différent.
Étrangement, on laisse la science de côté lorsqu’il s’agit de parler de l’être vivant qui grandit dans le ventre de la femme. La science nous apprend que le cœur commence à battre trois semaines après la conception. Parfois, avant même que la femme ait conscience d’être enceinte. C’est un fait. Scientifique. Mais ça ne sert pas l’argument: « c’est juste un tas de cellules », alors on l’exclut. Scientifiquement, on peut aussi conclure que le petit humain présent dans l’utérus de la femme, n’est pas une partie d’elle. Qu’il est une personne, à part entière… Mais, sans gêne, on caviarde cette partie du rapport parce qu’alors là, le slogan « Mon corps, mon choix » ne fait plus aucun sens. C’est le corps du bébé, pas celui de la femme. Une mère a-t-elle le droit de vie ou de mort sur son enfant?
Le danger, ce n’est pas de rouvrir un débat, c’est de le refuser à grands coups de bâillons.