Le sens du mot « grâce » dans la Bible

Partage cet article:

Si vous essayez de décrire Dieu, cela pourrait s’avérer difficile ou intimidant. Mais lorsque les auteurs de la Bible réfléchissaient au mystère de Dieu, ils décrivaient constamment le caractère de Dieu de cette façon : compatissant et plein de grâce, lent à la colère, riche en amour loyal et en fidélité. Nous allons étudier la deuxième caractéristique clé de cette déclaration : « plein de grâce ». Le mot hébreu est « khanun », qui est lié au nom hébreu « khen ». Ce mot, « khen », est souvent traduit par : « grâce » ou « faveur ».

Ce texte est la transcription de ce qu’on entend dans l’excellente vidéo publiée par l’équipe francophone du « Bible Project » :

 

Dans l’ancien Testament

Si vous étudiez comment ce mot est utilisé dans la Bible, vous trouverez une histoire fascinante. Une des significations de « khen » est « ravissant » ou « favorable ». Dans les Psaumes, il est dit qu’un poète qualifié a des lèvres de « khen »(45, 2). Autrement dit, il peut joliment formuler des propos qui ravissent l’audience. Ou un bijou éblouissant est un ornement de « khen » : il attire l’attention et la faveur (Pr 1, 9).

C’est pourquoi « khen » est souvent le mot utilisé pour décrire un don fait par plaisir ou faveur. Dans ces cas-là, « Khen » pourrait être traduit par « grâce ». Comme dans l’histoire d’Esther qui se présente au roi de Perse pour demander qu’elle et son peuple soient épargnés de la mort, démarche qu’elle appelle une requête de « khen ». Et parce qu’Esther plaît au roi, il lui fait une faveur et exauce son vœu (Es 8, 3).

« Khen » à l’extrême

Donc, accorder une faveur, c’est « khen », car cela est motivé par le plaisir. Le type de « khen » le plus extrême est de faire preuve de faveur envers quelqu’un qui doit obtenir ce qu’il mérite et non un don généreux. Comme Jacob, qui a trompé son frère Ésaü : il s’est enfui, puis après 20 ans, il veut revenir arranger les choses. Alors il vient voir Ésaü et lui demande : « Puis je trouver « khen » à tes yeux ? » (Gn 33, 8). Jacob ne demande pas ce qui est juste, mais une faveur. Et étonnamment, c’est ce qu’Esaü lui accorde. Il choisit de se réjouir auprès de son frère Jacob et de lui faire une grâce qu’il ne mérite pas.

Par ailleurs, « khen » requiert un esprit généreux, ce que les gens ont parfois. Mais dans la Bible, celui qui montre plus de « khen » que quiconque est Dieu. Comme lorsque Dieu a sauvé les Israélites de l’esclavage en Égypte et qu’ils l’ont rapidement trahi en prêtant allégeance à une idole en or comme leur dieu. Mais ensuite, Moïse intervient et demande à Dieu de faire un don qu’il ne mérite pas (Ex 33, 16). Dieu accepte en démontrant l’acte ultime de « khen » : le pardon et la promesse d’être avec ce peuple.

Ce trait de caractère de Dieu révèle sa fiabilité, car plus de 40 fois dans le livre des Psaumes, le peuple réclame le « khen » de Dieu : quand ils sont malades, en danger ou quand les Israélites sont en exil. Les prophètes bibliques comme Isaïe se sont penchés sur le « khen » de Dieu dans le passé et ont déclaré avec assurance que Dieu montrera un jour le « khen » à son peuple en délivrant ce dernier, ainsi que toute la Création, de la mort et de la ruine (Is 30, 18-19).

Dans le Nouveau Testament, « khen » devient « kharis »

Maintenant, lorsque nous nous tournons vers les auteurs du Nouveau Testament, ils décrivent le « khen » de Dieu par le mot grec « Kharis », qui signifie : « don de grâce ». Comme lorsqu’on nous présente Jésus dans l’évangile de Jean, on nous dit que Jésus est le glorieux « kharis » de Dieu sous forme humaine, envoyé dans un monde de personnes piégées par les ténèbres et la mort. Car selon l’apôtre Paul, nous sommes comme des morts-vivants.

Dieu a livré l’humanité aux conséquences destructrices de nos décisions égoïstes. Mais selon Paul, Dieu est riche en miséricorde et par son « kharis », il nous a sauvés (Ep 2, 8). Il fait référence à la façon dont la vie, la mort et la résurrection de Jésus nous sont offertes comme un don généreux de la vie qui est plus puissant que la mort. Et, comme tout don, tout ce qu’il y a à faire, c’est de le recevoir.

Alors vous comprenez maintenant pourquoi les auteurs bibliques reviennent beaucoup sur cette spécificité du caractère de Dieu dans la Bible. Quand le peuple est prêt à reconnaître ses défaillances et à demander à Dieu « khen », Il répond toujours de la même manière, et avec générosité. Dieu fait don de Lui-même, de sa Vie et de son Amour, et c’est ça le sens de l’expression : « Dieu est plein de grâce ».

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Autres articles

Saint Charles Borromée — Un pasteur selon le cœur de Dieu

Saint Charles Borromée, archevêque de Milan, a incarné le pasteur selon le cœur de Dieu. Réformateur courageux, homme de prière et de charité, il demeure un modèle de foi et de service pour notre temps.

Saint Alphonse Rodriguez : la sainteté du quotidien

Saint Alphonse Rodriguez (1533-1617), frère jésuite et portier à Majorque, révèle la sainteté du quotidien : servir, ouvrir, prier. Une vie brisée transfigurée par l’amour, invitation à aimer Dieu dans les petits gestes de chaque jour.

Chrétiens et Halloween : faut-il célébrer ?

Les chrétiens doivent-ils célébrer Halloween ? Entre peur et lumière, cet article explore comment vivre cette fête autrement : s’en abstenir sereinement ou en faire un moment de joie, de rencontre et de fraternité.

Sainte Marguerite-Marie Alacoque : l’apôtre du Sacré-Cœur

Sainte Marguerite-Marie Alacoque, humble visitandine du XVIIe siècle, a reçu les révélations du Sacré-Cœur de Jésus à Paray-le-Monial. Son message d’amour et de miséricorde continue d’enflammer le monde.