Autour des années 155-160, l’horizon des temps derniers se brouillait, ce qui a favorisé l’écoute de ce « prophète » phrygien du nom de Montan, qui se disait l’incarnation du Paraclet annoncé dans l’Évangile selon saint Jean (14,6 ; 16,7). Deux prophétesses le suivaient : Maximilla et Priscilla.
Caractères et doctrine du montanisme
Le but du montanisme est de raviver la ferveur haletante des chrétiens en ayant recours à l’autorité du Paraclet et en annonçant l’imminence de la fin du monde. On reconnaissait les montanistes par leur tendance à l’extase et à l’enthousiasme. La glossolalie y est mise en valeur mais seulement Montant et ses deux prophétesses ne pouvaient parler au nom du Christ et de son Esprit Saint. On prescrivait une morale rigoureuse : des jeûnes sévères, des aumônes importantes et de l’interdiction du deuxième mariage. Il est d’ailleurs interdit de se soustraire au martyre. La nouvelle Jérusalem était identifiée comme étant Pepuza ou Tymion, et les croyants devaient s’y trouver lors de la venue du Seigneur, prévue immédiatement après la mort de Maximilla. « Après moi, le déluge… »
Histoire du mouvement
On doit probablement au montanisme les premiers synodes de l’histoire de l’Église. En effet, on se demandait s’il fallait croire authentique cette nouvelle « effusion de l’Esprit » ou la considérer plutôt comme une possession démoniaque. Les instructions fournies par la didachè pour démasquer les faux-prophètes n’étaient pas efficaces. On pouvait difficilement faire appel aux Écritures de l’Ancien ou du Nouveau Testament puisque Montan, voix du Paraclet, leur était supérieur en autorité.
Malgré que le mouvement montaniste eut été excommunié par les synodes d’Asie Mineure, la secte se répandit dans l’Ouest de l’empire. On trouvait des montanistes jusqu’en Gaule, d’où les martyrs de Lyon écrivirent à l’évêque de Rome Éleuthère en faveur de leur réconciliation. La fin du monde n’arrivant pas comme prévu après la mort de Maximilla (179), l’attente frénétique s’essouffla quelque peu, sans éteindre complètement la flamme du mouvement pour autant.
Le rigorisme éthique marqué du montanisme séduisit
Tertullien, au début du IIIe siècle, lui qui croyait au rôle historique de
Montan dans l’économie du salut. « Avec Montan, représentant du Paraclet
se serait ouverte une nouvelle phase de la Révélation divine, postérieure à la
révélation néo-testamentaire[1] ».
Après la disparition de ce célèbre disciple, on n’entend plus guère parler du
montanisme que dans les livres dénonçant les hérésies, et ce, jusqu’au Vie siècle,
sinon qu’à Pepuza, siège de la secte où, au Ive siècle, Épiphane parle de
certains montanistes qui, « afin de voir apparaître le Christ, dormaient
dans le Temple[2] ».
[1] ALAND, B, « Montanisme », dans Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, Volume II, de Angelo Di Bernardino, Genova, Les Éditions du Cerf, 1990, p. 1675.
[2] Ibid.