Créée par Vince Gilligan et Peter Gould, Better Call Saul propose une étude approfondie des dilemmes moraux qui façonnent la trajectoire d’un individu confronté à ses ambitions et à ses limites éthiques. La série met en scène Jimmy McGill (Saul Goodman), un avocat brillant, confronté aux tentations de la ruse et du raccourci juridique, qui l’amènent à s’éloigner progressivement de principes moraux pourtant présents en lui. À travers ce personnage complexe, la série illustre comment des intentions fondamentalement bonnes peuvent dériver vers des choix moralement problématiques, offrant une représentation contemporaine du « chemin du méchant » tel que décrit dans la Bible.
Cette tension entre bonnes intentions et actions répréhensibles trouve un écho dans le Nouveau Testament. Un jeune homme, désireux de vivre selon la justice, s’approche de Jésus et demande ce qu’il doit accomplir pour obtenir la vie éternelle. La réponse de Jésus souligne que la bonne volonté seule est insuffisante : un engagement intérieur profond, la pratique de l’humilité et l’adhésion à des principes moraux constants sont nécessaires pour demeurer sur le droit chemin. Cette réflexion sert de fil conducteur pour notre analyse de la trajectoire de Jimmy McGill.
Le chemin du méchant dans Better Call Saul : analyse biblique
Le Psaume 36 et la moralité de Jimmy McGill
C’est le péché qui parle au cœur de l’impie ;
ses yeux ne voient pas que Dieu est terrible.
Il se voit d’un œil trop flatteur pour trouver et haïr sa faute ;
il n’a que ruse et fraude à la bouche, il a perdu le sens du bien.
Il prépare en secret ses mauvais coups.
La route qu’il suit n’est pas celle du bien ;
il ne renonce pas au mal.
Garde ton amour à ceux qui t’ont connu, ta justice à tous les hommes droits.
Que l’orgueilleux n’entre pas chez moi, que l’impie ne me jette pas dehors !
Voyez : ils sont tombés, les malfaisants ; abattus, ils ne pourront se relever.
Psaume 35(36), 2-5,11-13
Ce psaume offre une lecture pertinente du parcours de Jimmy McGill. Sa propension à la manipulation et aux stratagèmes, son incapacité à reconnaître la gravité de ses actes, et la persistance dans ses choix douteux illustrent parfaitement la « route qu’il suit » qui s’éloigne du bien. L’écriture poétique souligne la tension entre le potentiel moral de l’individu et sa propension à s’engager dans des comportements malveillants, créant un parallèle frappant avec la trajectoire du personnage.
Les conseils de Tobie et de Jésus : une boussole morale
Tobie
« Ce que tu n’aimes pas, ne le fais à personne.
Donne de ton pain à celui qui a faim, et des vêtements à ceux qui sont nus.
Prends conseil de toute personne avisée.
En toute occasion, bénis le Seigneur ton Dieu et demande-lui de rendre droits tes chemins.
Garde en mémoire ces instructions et qu’elles ne s’effacent pas de ton cœur. »
Tobie 4, 15a ; 16a ; 18a ; 19a,c
Ce passage propose des principes moraux universels. Jimmy, guidé par ses désirs de vengeance et de reconnaissance, semble parfois ignorer ces préceptes, privilégiant l’efficacité et l’intérêt personnel. Le texte de Tobie rappelle que l’éthique ne se limite pas à éviter le mal : elle implique des actions concrètes pour le bien d’autrui, surtout envers ses ennemis, et une vigilance constante sur le plan moral.
Le conseil de Jésus
Comment faire le bien? C’est la question qu’un jeune homme pose à Jésus.
Au moment où Jésus veut partir, un homme arrive en courant. Il se met à genoux devant lui et lui demande : « Bon maître, qu’est-ce que je dois faire pour recevoir la vie avec Dieu pour toujours ? » Jésus lui répond : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon, sauf Dieu ! Tu connais les commandements : Ne tue personne. Ne commets pas d’adultère. Ne vole pas. Ne témoigne pas faussement contre quelqu’un. Ne fais pas de mal aux autres. Respecte ton père et ta mère. »
L’homme lui dit : « Maître, j’obéis à tout cela depuis ma jeunesse. » Jésus le regarde avec amour et lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne l’argent aux pauvres. Alors tu auras des richesses auprès de Dieu. Ensuite, viens et suis-moi. »
Marc 10, 17-21
Cette interaction illustre que la seule bonne volonté ne suffit pas. L’homme désire agir correctement, mais il lui manque un engagement profond et le détachement nécessaire pour suivre pleinement la voie de la justice. La situation de Jimmy McGill reflète cette tension : il veut réussir et faire le bien, mais ses choix pragmatiques et souvent intéressés l’éloignent du chemin moral, démontrant la fragilité de la bonne intention face à l’ambition et aux pressions extérieures.
Les bonnes personnes font parfois le mal
Jimmy McGill est fondamentalement une personne bonne, animée par le désir sincère de réussir et la capacité exceptionnelle de prendre grand soin de certaines personnes, comme son épouse qu’il aime sincèrement et les plus démunis devant le système judiciaire américain qui défavorise les plus pauvres. Néanmoins, sa trajectoire dans Better Call Saul révèle combien il est facile de s’écarter du droit chemin, même avec des intentions louables. La série illustre l’importance de l’éthique guidée par la réflexion et la foi, ainsi que la vigilance nécessaire pour maintenir un alignement entre intention et action. Le parcours de Jimmy rappelle que la bonté intrinsèque ne suffit pas à protéger l’individu des conséquences de ses choix : il est impératif de s’appuyer sur la sagesse, la moralité et la parole de Dieu pour rester sur le chemin de la justice. Jimmy met le doigt dans un engrenage qui le mènera à sa perte, et illustre parfaitement ce que saint Paul soulignait : « le salaire du péché, c’est la mort »(Rm 6, 23).
La série Better Call Saul est disponible sur Netflix.